→ POURQUOI ÊTRE HABITANT DE EAGLELAKE; Pourquoi pas ? J'y suis née, j'y ai grandi, je connais tout le monde ici, j'ai vécu tellement de choses dans cette ville et tous mes amis sont ici, je ne me vois pas la quitter. Elle est parfaite pour moi et j'aimerai y passer le reste de ma vie. Elle a ses défauts, évidemment, mais elle vaut bien mieux que toutes ses grandes villes. Peut-être que plus tard je partirai ou je n'aurai plus du tout la même vision de cette ville, je l'ignore, mais l'important est qu'aujourd'hui elle me convienne parfaitement.
→ QUE FERIEZ-VOUS SI VOTRE MAISON ÉTAIT DÉTRUITE; Je la reconstruis ? Plus sérieusement, je ne sais pas. Notre maison n'a subit que quelques dégâts sans grandes importances : quelques vitres brisées, il a fallu refaire une partie du toit aussi, mais rien de très important contrairement à d'autres maisons qui se sont totalement retrouvée par terre. Je pense que j'essayerais de rapidement oublier et passer à autre chose, en essayant tout de même de garder un maximum d'objets si cela est possible, je serais évidemment triste d'avoir tout perdu, d'avoir perdu les objets que je conservais depuis tellement longtemps, ce qui me rappelait mes amis ou mon enfance, mais comme je ne pourrais pas refaire le passé, autant s'y faire.
→ VOTRE PREMIÈRE RÉACTION, LORSQUE LE TREMBLEMENT DE TERRE A SURGI; J'ai crié. Non, non, non je ne suis pas une trouillarde, quoi que, peut-être un peu quand même, mais comment voulez-vous que je réagisse ? Cela fait 25 ans que j'habite ici et cela ne s'était jamais produit, j'ai forcément eu peur. J'ai très vite rejoint mes amis pour savoir s'ils allaient bien et on a fait ce qu'on a pu pour rester en un seul morceau et faire en sorte que nos voisins aussi.

Je suis née un vingt mars, ici, à Eaglelake. Mon père restait à la maison pour s'occuper de moi et de mon grand frère - d'un an et demi mon ainé - tandis que ma mère bossait dans l'entreprise de son père. C'était une petite entreprise, elle s'occupait de la comptabilité, de tout ce qui était administratif, ça ne rapportait pas énormément, mais suffisamment pour vivre correctement. Je n'ai rien de particulier à dire sur mon enfance, elle fut simple, heureuse, comme tous les enfants le voudraient. A l'école je n'étais pas du genre à vouloir un tas d'amis, je préférais nettement rester avec deux ou trois personnes que de chercher absolument à être remarquée. Je voulais de vrais amis, des amis à qui je pouvais tout confier, des amis avec qui je pouvais rire ou raconter des conneries. Non pas des personnes qui fuient aux premiers problèmes venus. Je n'étais pas forcément très douée en cours, peut-être que je n'étais pas suffisamment intelligente pour suivre des cours et passer mes journées à travailler. En réalité, je n'avais qu'une envie lorsque j'étais en cours, passer mes journées dehors, à trainer un peu partout pour observer les choses, la nature, rêver, espérer. Je rêvais de voyager à cette époque, de visiter le monde, de découvrir des choses et d'apprendre par moi-même. Aujourd'hui je suis bien loin de cette petite fille, incapable de quitter ma famille, mes amis et ce que j'ai construit. J'ai d'ailleurs quitté très tôt l'école, je n'ai même pas tenté l'université, cela ne m’intéressait pas. J'avais évidemment eu le droit à toutes ses remarques des adultes qui pensent tout savoir : « tu verras dans quelques années, quand tu seras au chômage, tu regretteras de ne pas m'avoir écoutée et de ne pas avoir continué. » Je suis aujourd'hui, en quelque sorte au chômage, enfin je n'ai pas de travail fixe, je fais ce que je trouve et je suis désolée de contredire tous ces adultes, mais non, je ne regrette rien. J'ai ma famille que j'aime, j'ai des amis que j'aime, je suis en bonne santé, je n'ai pas tous les problèmes du monde qui me tombe sur la tête, j'ai un endroit où vivre et j'ai de l'espoir. Si tout ça, pour beaucoup ne suffisent pas, je n'en demande pas plus pour l'instant, il ne me faut rien de plus pour vivre et être heureuse.

Mon frère a quitté la maison lorsqu'il a eu dix-neuf ans, pas pour aller bien loin, quelques rues plus loin que la maison familiale. Je passais la majorité de mon temps la-bas, c'était forcement plus sympa, moins de règles, plus de libertés et puis c'était un peu comme ci j'avais moi-même mon chez moi. Je n'ai pas attendu longtemps pour suivre les pas de mon frère, à tout juste vingt-ans, mon groupe d'amis et moi avons chacun quitté notre famille pour nous installer ensemble. Cela fait donc cinq ans que nous vivons tous ensemble, au début on pensait que cela ne durait pas et que chacun allait partir de son côté pour créer sa propre famille, mais non, nous sommes toujours là, ensemble. Nous affronter les problèmes ensemble, nous passons la majorité de notre temps ensemble, profitant de chaque instant sachant bien que bientôt tout ne sera plus pareil. A notre âge, il était temps de commencer à penser à autre chose, à grandir, se séparer et fonder sa famille.

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